Les petites histoires de Luplanté

Les loups

Le Loup fait partie de l’histoire de Luplanté

Le Loup fait partie de l’histoire de Luplanté ; jusqu’à donner son nom à notre commune. En effet Luplanté tire son nom, de son origine romaine ; du latin « Lupus Plantatus » (planté de Loups ou peuple des loups).                                                                                                                                             Il faut dire que depuis la nuit des temps le loup vivait en nombre dans nos contrées jusqu’au début du 20 -ème siècle ou l’on recense des faits liés à l’animal. Il n’était pas présent uniquement en montagne, comme c’est le cas actuellement, mais se trouvait réparti dans toute la France, y compris autour de chez nous. Nos plaines et bois de petites tailles leur servaient d’abri, et de niche. Le gibier y était abondant. Chevreuil, biche, lièvre, lapin, perdrix, sans oublier les poules etc …, ainsi que les nombreux troupeaux de moutons qui parsemaient nos campagnes.

Les bergers ou Pâtres avaient beau être aidé de leurs chiens (Patou, Berger de Beauce, et autres races) il n’était pas rare que le loup fasse un prélèvement d’une ou deux brebis, comme ce témoignage de 1840 « Les moutons couchaient encore dans les champs de fin Juin à novembre après les coupes de blés, protégés la nuit par un parc mobile. Le berger dormait dans sa maison roulante ; plus d’une fois au crépuscule ou pendant la nuit les loups réussissaient à emporter un mouton ».

Certes en condition normale il n’attaquait que des animaux, mais lorsqu’il était affamé, il pouvait s’en prendre à l’être humain. Surtout pendant les périodes de famine, s’il avait des petits à nourrir ou pendant un hiver rude, comme en 1740 ou le gibier, les récoltes, et les animaux domestiques étaient décimés par le froid intense : on parle de -30 ° environ pendant plus d’une semaine. Il attaquait généralement les enfants en priorité et quelques fois des femmes, mais il se méfiait des hommes, même si certains ont été victime de leurs attaques.
Les chemins n’étaient pas sûrs, surtout à partir de la tombée du jour. J’ai retrouvé de nombreux documents à ce sujet. Dans les villages environnants, beaucoup de sépultures étaient liées à ces attaques. Par exemple : le 12 décembre1644, inhumation en l’église de Dangeau du corps d’Estienne Boudet et le 29 décembre de cette même année, inhumation du neveu de Jucquelier (tous les deux mordu par une louve enragée).

Thivars en 1662 le curé aurait affirmé lors de son discourt, à l’occasion de l’enterrement d’un enfant tué par un loup, « la beste aurait dévoré plus de trente enfants ». Le 24 Octobre 1677 à Bailleau sous Gallardon : Catherine Maunoury, 11 ans a été dévorée par la bête. Levainville : en octobre 1680 un enfant de 9 ans et une femme de 37 ans ont succombé à leurs blessures faites par un loup. Sainville, Gas, Levainville de nouveau en 1682. Dangers, Mitainville, Fontaine la Guyon, Bailleau le Pin, Ver les Chartres, etc…. La liste des communes touchées pourrait prendre plusieurs pages.

Certaines années de l’an 1700, l’Eure et Loir comptait près de 100 attaques. Bien sur Luplanté n’y a pas échappée… et j’ai retrouvé, dans les archives paroissiales un fait qui le confirme et que je vous retranscris tel qu’il est, (écrit en français de l’époque) :
« Le jeudy trentième jour de mai mille sept cent quarante huit mourut Laurent Dunois enfant âge d’environ huit ans fils de feu Daniel Dunois Charpentier, et de feue Jeanne Veron, ses père et mère de cette paroisse. Lequel estant sur le chemin de Montligeon à la sortie de Luplanté, a ramassé de l’herbe conjointement avec sa parente et fut attaqué par un loup et en fut presque dévoré. Il a vécu encore asses de temps pour recevoir les sacrements de pénitence et d’extrême onction qui luy ont esté administré par moy pretre curé de Luplanté soussigné, et ai fait son inhumation dans le cimetière, en présence de Jacques Dunois son oncle et son tuteur, de Louis Rochette aussi son oncle, de Pierre Pichot son cousin et de plusieurs autres, dont a ésté signé avec moi le présent acte ; les autres ayant déclarés ne savoir signer. Louies Rochette, Pierre Pichot, Boucher ».


Il semble que de nombreux enfants aient payé un lourd tribu au cours du 16-17-18 ème siècle. Tous les mois plusieurs cas étaient recensés en Beauce. Ces attaques répétées étaient généralement suivies de battues, organisées par les gardes de chasse locaux ou les gardes du roi « Les grands Louvetiers du Roi ». Ces battues avaient des résultats. Si l’on tué un loup, il fallait se justifier et montrer les deux oreilles du loup, pour ne pas se les faire payer deux fois, car une louve pleine était payé 150 frs en or, un loup 15 frs, un louveteau 6frs. Ce n’est réellement au 19 ème siècle que l’on a pris la décision d’éradiquer le loup, d’autant plus qu’une épidémie de rage avait envahi la région et infecté des animaux domestiques mordus par des animaux sauvages. Du Nord au Sud de la Beauce d’énormes battues ont permis d’éliminer une centaine de loup. En 1845, un rapport stipule  « Un Loup et une Louve, énormes, sont tués en forêt de la Ferté Vidamme. Ces dangereux animaux étaient venus dans la nuit précédente jusque dans le bourg de la Ferté, semant le trouble parmi la population. Après une battue cinq autres loups furent tués dans la même forêt ». Et en 1871: « La semaine dernière une chasse aux loups a été faite dans les forêts de Mr Le Marquis d’Aligre aux environ de Pontgouin. Quatre loups ont été tués, dont trois du poids de 75 kgs et un gros âgé de trois ans pesant 40 kgs. ».

Près de Voves également dans la même période, une Louve et ses sept Louveteaux sont abattus. Durant cette période des primes étaient distribués par loup tué. Il semble que quelques attaques ont été également perpétué par des chiens loup (croisement de loup et de chien) tout aussi dangereux parait-il. En 1902 une délibération de la préfecture d’Eure et Loir autorise les propriétaires, possesseurs ou fermiers, même sans permis de chasse, à détruire ou faire détruire par leurs ayants droit et gardes assermentés soit par pièges, fosses à loup, collets filets et lacets ou engins autres que les batteries d’armes à feu. Pourtant, il semble que le dernier loup abattu en Beauce Dunoise est sans doute un individu de forte taille, c’était le 15 Aout 1900 près du bourg de Thiville. Le Loup le plus célèbre et sans aucun doute le Loup de Gasville qui a défrayé la chronique autour de 1740 .Tueur redoutable il a était à l’origine de nombreux écrits, et histoires, en Beauce.

Si durant un siècle on n’a plus entendu parler du loup, récemment l’actualité l’a remis en avant. Dans un article de Mars 2013, un cheval a été attaqué par des loups au nord d’Orléans, et un autre a été flashé par un piège photographique en été 2013 dans le Gatinais.

Comme vous le voyez, le loup a toujours fait parti de notre histoire, et il reste, encore aujourd’hui la vedette des romans, des contes, des légendes en tous genres. Il a souvent fait parler de lui durant les longues soirées d’hiver. Alors lorsque vous passerez devant la pancarte Luplanté pensez à Lupus, ce fameux canidé qui a hanté les nuits de nombreux enfants.

D’ailleurs nos Voisins n’habitent t’il pas à St Loup, comme par hasard…. Mais bon, tout ceci est du passé …, à moins que…, allez savoir …… !. Alors bonne nuit les petits…, et faite de beaux rêves……… (Il existe une autre définition de Luplanté, retrouvée au hasard dans un document d’archive de 1206 qui donne le nom de Lucus Plantatus (donc Luplanté ) et qui veut dire planté de bois ,foret… Mais comme les noms des villages ont été déformés au fil du temps, je resterai fidèle aux recherches faites par Mr Mortier il y a déjà quelques dizaines d’années et qui me paraissent réalistes. Et puis cette aventure avec les loups fait en sorte de renforcer le lien historique avec notre village.)