Petite histoire de Luplanté – Les incendies

Les petites histoires de Luplanté

Les grands incendies à Luplanté

Par le passé Luplanté a été plusieurs fois victime d’incendies importants.

Ces incendies aux conséquences non négligeables ont impacté majoritairement des particuliers. Au 19ème siècle les moyens n’étaient pas ceux de maintenant, et le temps d’intervention étant plus long, ces incendies avaient le temps de faire d’énormes dégâts. Ce fut le cas en 1850 à Aufferville et en 1851 à Luplanté. Ces incendies mobilisaient un nombre important de matériels et de personnes, et s’ils étaient difficiles à maîtriser, c’est tout simplement à cause des matériaux utilisés à l’époque pour les bâtiments.

En effet, les maisons et fermes étaient couvertes avec des toits de chaume appelés à l’époque, par ici, des toits en rouche (il s’agit de roseaux poussant dans les fossés et dans les plaines marécageuses). Lorsqu’un incendie se déclarait, il fallait trouver les volontaires, filer à l’arsenal chercher la pompe à bras et la tonne de ravitaillement, qui était tirée par un cheval, et refaire le plein d’eau à la mare du coin.

Autant dire que le temps de faire tout cela l’incendie avait vite fait de prendre de l’ampleur. Même si de nombreux bénévoles s’investissaient pour lancer de l’eau avec des seaux sur les flammes, le sinistre était difficile à maîtriser. Il fallait en plus une bonne dose de courage pour s’approcher des flammes sans équipements appropriés.
Lors de l’incendie d’Aufferville, le 22 juillet 1850   le conseil municipal avait organisé une réunion exceptionnelle, non pas pour traiter de l’incendie mais pour indemniser le propriétaire du café d’Aufferville, car celui-ci avait fourni du vin et de l’eau de vie aux sauveteurs pour étancher leur soif et sûrement pour leur donner du courage supplémentaire. J’ai retrouvé ce compte rendu et je vous le livre tel quel….

« L’an 1850, le 13 Octobre à midi précise, les membres du conseil municipal de la commune de Luplanté sont réunis extraordinairement en vertu de l’autorisation de Mr Le Préfet en date du 25 septembre dernier, au lieu ordinaire de leurs séances sous la présidence de Mr Le Maire. 
                                                           

Mr Le Maire a exposé aux membres présents qu’il était dû au sieur Maillard Charles Victor cabaretier à Aufferville une somme de 15 Frs pour fourniture de vin, et d’eau de vie, faite aux travailleurs le 22 juillet dernier jour d’incendie qui s’est déclaré au hameau d’Aufferville, mais comme le crédit de 15,61 frs pour dépenses imprévues du budget primitif de 1850 est absorbé jusqu’a concurrence de 15,31 frs pour complément de cotisation et dépenses diverses, en conséquence  il resterait sur ce crédit que 30 centimes. Aussi il propose de prélever sur le crédit 20 frs du budget entretien de la maison d’école la somme de 15 frs pour Mr Maillard attendu que la maison d’école est actuellement en parfait état de réparation et qu’aucuns travaux n’est nécessaire.  

En ces années 1850, le nombre d’incendie était si important en Beauce que le Préfet d’Eure et Loir pris une décision qui allait si je peux dire « mettre le feu au monde paysan ». En effet, il prit le 18 Mai 1853, un arrêté interdisant les couvertures en paille, en chaume, en rouche, en roseaux, en bruyère, bois ou tout autre matériaux combustible sur tous les bâtiments neufs ou reconstruits, ce qui créa une grave émeute, car cela allait avoir de graves répercussions sur le budget de nos agriculteurs. En effet les charpentes des bâtiments étaient construites en bois brut, de faibles sections et, non équarri, et ne pouvaient donc pas recevoir une couverture en tuiles à cause du poids de celles ci. Les membres présents, en considération des motifs émis par le Maire, ont été unanimement d’avis pour le prélèvement sur le crédit de 20 Frs de l’entretien de l’école. La somme de 15 Frs est donc accordée au Sieur Maillard pour les fournitures qu’il a faites lors de l’incendie du 22 Juillet dernier. » 

Ainsi les Agriculteurs ouvriers, couvreurs, maçons (pour les murs en bauge) manifestèrent mais sans succès puisque cet arrêté fût maintenu. Mais le préfet sans doute touché par ces familles sans ressources fit voter par le Conseil Général un crédit de 5000 francs pour indemniser les habitants les plus pauvres des campagnes impactées. A cette époque les toitures en tuiles ou en ardoises étaient surtout réservées aux immeubles des villes et aux maisons bourgeoises.
Un autre incendie à marqué l’histoire de Luplanté, il s’agit du grand incendie qui a eut lieu en 1922. Le feu qui avait prit dans une étable rue du Béquet, a mobilisé de nombreuses compagnies de pompiers dans les alentours de Luplanté et ils furent aidé par les pompiers de Chartres et de Bonneval dans leur combat contre les flammes qui allait ravager plusieurs maisons et fermes et ce durant trois jours. Le feu s’est propagé rapidement grâce au violent vent d’ouest qui avait lieu à ce moment là et il fut favorisé par les quelques toits de chaumes qui existaient encore sur certains bâtiments. Cependant les secours réussirent à arrêter l’incendie avant que celui ci n’atteigne l’église. Les pompiers de Luplanté avaient bien sur, été mobilisés.

Un pompier en a parlé dans ses mémoires à travers un livre, il s’agit de Grenadou de St Loup qui lui aussi avait était mobilisé pour la circonstance, et il dit ceci à propos de cet incendie.

« En 22 j’ai dû intervenir à Luplanté, les toits étaient encore pour la plupart en Paille, c’était en juillet, et le vent envolait les flammèches qui mettaient le feu à tout le village, on était venu de st loup et on avait mis notre pompe chez le maréchal Ferrand rue du marchais, près de la mare, et on prenait de l’eau dans la mare. Tout autour de nous la paille prenait feu. Alors le maire de Luplanté nous a dit « Tirez vous de là » mais le maitre d’école lui nous disait « non surtout n’arrêté pas, continuer ». On arrosait, ça fumait, ça chauffait, mais ça quand même fini par s’arrêter. Heureusement car si le feu avait sauté c’est le quart du village qui aurait brulé ».